5 stars

J’ai choisi de mettre en scène une vieille paire de baskets usées, souvent jugées "moches" ou négligées. Suspendues à un porte-manteau en forme d’étoiles, elles prennent soudain l’apparence de trophées, comme si elles étaient fièrement exposées dans un hôtel 5 étoiles. Les rubans colorés qui remplacent les lacets évoquent une ambiance de fête. L’ironie naît de ce décalage : des objets du quotidien, usés, qu’on associe souvent à la saleté ou à l’abandon, deviennent ici les stars d’un décor joyeux, presque luxueux. On leur donne 5 étoiles, comme à un grand restaurant, comme si la laideur pouvait elle aussi être notée, selon le regard.

Brut

Dans cette composition, le fouet de cuisine, souvent relégué au rang d’outil banal, devient l’ossature d’une forme étrange et nouvelle. En le remplissant de bouchons de bière, j’en ai fait une sculpture hybride, entre instrument de préparation et objet festif recyclé. Cette accumulation crée un volume inattendu, une texture métallique brute, presque industrielle. Le fond bleu vif accentue le contraste entre le banal et le symbolique, entre l’outil de cuisine et le déchet de consommation. Le fouet n’est plus fonctionnel, il devient totem, agrégat de gestes du quotidien transformés en œuvre éphémère. Par sa forme retravaillée et son usage détourné, l’objet s’impose à l’œil. Il prend de la place. Il devient matière à contemplation.

Rape à bijoux

Objet de cuisine froid et utilitaire, la râpe à fromage n’est pas faite pour séduire. Elle évoque le quotidien brut, la fonction pure. Pourtant, je l’ai transformée en un véritable présentoir à bijoux, éclatant de fantaisie. En y accrochant des boucles d’oreilles et des colliers, je détourne radicalement sa fonction première pour en faire un objet d’ornement, presque précieux.Ce geste est subversif : il bouscule les codes de l’usage et de l’esthétique. Ce qui gratte, râpe, découpe devient soudain délicat et orné. L’absurde surgit dans ce contraste entre brutalité et parure. C’est une manière de défier l’idée qu’un objet n’a qu’un seul rôle, qu’une seule valeur. En le mettant en scène dans un décor pop et soigné, je redonne du sens ou du non-sens à un objet qu’on ne regarde jamais vraiment.

Honorer la naissance

À première vue, ce petit pot en plastique évoque quelque chose de banal, presque gênant. Il appartient à une étape de la vie qu’on préfère vite oublier : celle de l’apprentissage de la propreté, de la vulnérabilité. Pourtant, j’ai choisi de le représenter avec honneur, en le plaçant dans une lumière douce, accompagné de fleurs blanches, symbole de pureté et de naissance. Le pot devient ici un trône modeste, un objet de transition vers l’autonomie, un témoin silencieux des premiers gestes d’indépendance. Il n’est plus "moche", mais noble dans sa simplicité, car il marque un moment fondateur. L’honorer, c’est aussi reconnaître la beauté des débuts, même ceux qu’on juge peu esthétiques. C’est remettre en lumière ce qu’on cache, ce qu’on oublie, alors qu’il fait partie intégrante de notre construction.